L'idée de travailler plus pour gagner plus est frappée au coin du bon sens, et nous ne pouvons que souscrire massivement à cette proposition simple, claire, efficace. Mais encore faut-il avoir besoin de travailler plus. La fin des 35 heures et le retour aux 40 heures par semaines permettra certes de travailler plus - 5h par semaine, soit 14% de temps de travail complémentaire – et donc de gagner plus. Cependant, ne nous leurrons pas, les salaires ne devraient pas progresser de façon similaire : une hausse de 14% des salaires pour 5 heures de travail est trop lourde pour notre pays exsangue.
D'autre part, les travailleurs amollis par près d'une décennie de politique de centre-gauche, menée tant par la gauche jospinienne que la droite chiraquienne, préfèrent au travail le loisir. Plutôt qu'une augmentation de salaire, une grande majorité de Français, sans nul doute, préfèreront le statu quo et profiter de temps en plus, plutôt que d'une maigre augmentation.
A cela, deux remèdes. D'une part, on peut faire en sorte que la « carotte » soit suffisamment attractive, et accompagner la fin des 35h d'une hausse salariale conséquente. Comme nous l'avons dit, cela est impossible dans la situation économique actuelle – et les prévisions de croissance pour 2008 ne vont pas vers une amélioration des choses.
D'autre part, on peut faire en sorte que le « travailler plus » devienne une nécessité, pour gagner au moins autant que ce que l'on gagnait autant du temps des 35h. Il est urgent de baisser les plus bas salaires, à commencer par le SMIC, et l'aligner sur les normes de nos amis européens – grecs, britanniques, entre autres – afin que le travail redevienne ce qu'il a toujours été : plus qu'une nécessité, un mode de vie. C'est à ce prix, et à ce prix seulement, que la France retrouvera le chemin de la croissance.
Professeur Park, économiste et Directeur de Recherche à l'Institut Bolloré